Léa Yogaïa

Souvent défini comme le style dynamique par excellence, le yoga vinyasa est un des plus populaires en Occident. On le retrouve dans tous les grands studios, les salles de sport ou les associations. On entend parfois dire qu’il y a autant de formes que de professeurs de yoga. C’est d’autant plus vrai pour le vinyasa, associé à une discipline posturale, sportive et démonstrative, pouvant paraître éloignée des valeurs initiales de la philosophie yogi. Retour sur les origines, des caractéristiques et des bienfaits de cette pratique.

Quelles sont les origines du yoga vinyasa ?

Commençons par l’étymologie. Vinyasa vient du terme sanskrit « nyasa » qui signifie placer et « vi » qui veut dire d’une certaine manière. Il correspond donc à placer le mouvement en synchronisation avec le souffle, selon un enchainement fluide.

Le terme et la pratique sont issus d’un autre style de yoga, codifié par Patthabhi Jois, dans les années 50 à Mysore, l’ashtanga yoga. Patthabhi Jois était l’élève de Sri Krishnamacharya, considéré comme le fondateur du yoga moderne que nous pratiquons aujourd’hui sur nos tapis. L’ashtanga, très dynamique, est basé sur un enchainement précis de postures toujours identiques et regroupées en séries. L’enchainement des asanas est porté par le vinyasa, c’est-à-dire à la fois cette façon de coordonner ses mouvements à sa respiration, mais aussi des transitions très spécifiques, dynamiques et puissantes.

« Faire un vinyasa » signifie, dans ce cas, réaliser une série de postures en rythme sur le souffle : 

  • une planche sur l’inspiration, 
  • une descente contrôlée sur les bras (le terrible Chaturanga) sur l’expiration, 
  • une flexion arrière (Bhujangasana ou Urdhva Mukha Svanasana) sur l’inspiration,
  • avant de revenir en Adho Mukha Svanasana sur l’expiration (et en transpirant).

L’ashtanga vise à dynamiser le corps pour atteindre le mental, dans une véritable méditation en action. Il s’accompagne de la respiration Ujjayi, une respiration sonore qui devient un tempo et un support. Tous ces éléments sont également au centre de la pratique du vinyasa.

Le yoga vinyasa est-il forcément dynamique ?

En définitive, le vinyasa est un dérivé de l’ashtanga qui s’affranchit du principe de séries toujours identiques. On cherche au contraire à construire des enchainements différents selon le thème de la séance. 

Par la fluidité des mouvements, les nombreuses transitions et le temps relativement court pendant lequel on tient les asanas, le vinyasa est donc, par essence, dynamique

On parle également de vinyasa flow. Le mot signifie en anglais le rythme, le courant, l’écoulement des fluides. En psychologie, il désigne un « état de motivation et d’attention focalisées qui permet de mobiliser au mieux ses facultés et d’atteindre une performance optimale ». On pressent alors que selon le but dans lequel on pratique ce style de yoga, le terme dynamique n’aura pas les mêmes implications.

Nos sociétés occidentales, pressées, compétitives, à la recherche de bénéfices et du corps parfait, ont finalement vu dans le vinyasa l’occasion d’allier méditation et performance sportive. C’est aussi un peu comme ça que la discipline a été proposée à l’Occident. 

Un article du magazine Elle sur le sujet indique : « en pratiquant régulièrement cette discipline, le professeur nous affirme que le corps rejette le gras et donc le mauvais. L’avantage du yoga est de sculpter sans gonfler. Il confère une allure longiligne de danseuse plus que la musculature d’un bodybuildé ». Ici, c’est un moyen de travailler et transformer son corps, voire d’éliminer les calories, à l’instar du fitness.

Cette idée poussée à l’extrême a pu donner, à certains de vous par exemple, une vision erronée de ce qu’est le yoga vinyasa. Ce serait une pratique sportive, voire démonstrative, une performance de postures impressionnantes, réalisées par des corps généralement athlétiques, minces et valides. Personnellement, cette vision ne correspond pas à ce que je pratique (ni à ce que je suis, d’ailleurs).

Quels sont les bienfaits du yoga vinyasa ?

Dynamiser et chauffer le corps est un moyen de s’y reconnecter, de faire circuler l’énergie et d’atteindre un certain calme mental, facilitant ensuite la méditation. On vise tout simplement l’union entre le corps et l’esprit (la signification même du mot yoga).

Si l’on revient à ce but premier, alors les transitions sont optionnelles, les postures ne sont qu’un prétexte, le mouvement est un support à la respiration et non l’inverse. Enfin, les enchainements choisis doivent avant tout servir le thème de la séance, qui peut aller bien au-delà de l’aspect physique.

Le thème peut être :

  • postural avec la réalisation d’une posture pic ou d’un groupe d’asanas ;
  • anatomique avec le travail d’une zone du corps en particulier pour mieux la ressentir ;
  • énergétique avec un accent sur les différents chakras, éléments, vayu ou kosha ;
  • philosophique avec la recherche d’un lien entre la manière de ressentir les asanas et les règles de vies sociales (yamas) ou personnelles (niyamas) enseignées dans les yoga sutra de Patanjali.

L’idée originelle est de passer par le corps et la synchronisation mouvement/respiration pour se reconnecter à soi. Dans un flow, on cherche à exécuter les mouvements en conscience. On développe une conscience de qu’ils nous demandent comme énergie, de l’espace qu’ils mobilisent dans notre corps, des réactions de notre mental et des émotions qu’ils suscitent.

Au cours de ma formation de professeur de yoga, j’ai été formée au Krama yoga. Dans cette pédagogie, inventée également par Sri Krishnamacharya, chaque posture prépare la suivante, avec des adaptations. Le Krama yoga vinyasa permet de créer une séquence logique, pour amener doucement le corps à s’ouvrir, à trouver plus d’espace et de possibilités, tout en restant à l’écoute de ses sensations.

Bien sûr, il y a aussi des bienfaits physiques. On développe sa souplesse et l’on renforce ses muscles profonds. On peut également se sentir revigoré et apaisé en même temps. Par la profonde détente qu’il amène, on peut même améliorer sa concentration, son rapport au stress, son sommeil.

Personnellement, le yoga vinyasa a complètement changé mon rapport au corps. Il n’est plus un outil sans cesse perfectible au service d’une société toujours plus exigeante, consumériste et compétitive. Il devient un refuge, l’endroit qui me permet de ressentir, aimer, vivre pleinement dans l’instant présent pour pouvoir mieux comprendre mes besoins et mes rapports aux autres.

Si vous souhaitez expérimenter ces bienfaits, je propose des cours en ligne ou en présentiel à Pau. Dynamique ou doux, physique ou méditatif, l’important est de trouver le yoga qui vous convient. Pour ma part, c’est le hatha et le yoga vinyasa que j’enseigne le plus dans l’idée de le rendre accessible au plus grand nombre. Si vos souhaitez tester les effets du yoga sur votre conscience corporelle, découvrez mon programme gratuit en 21 jours, de pratiques courtes et variées.