À l’ère du bien-être business et de l’avènement du développement personnel, dans une société capitaliste qui n’est basée que sur le toujours plus (a fortiori un jour de black friday), j’avais quand même envie de vous parler de ce sujet, qui de prime abord sonne… arrogant, prétentieux, voire aguicheur. J’assume.
Pourtant, pour moi, il n’en est rien, le yoga a véritablement changé ma vie.
Mais pas du jour au lendemain, pas comme une révélation, pas parce que je suis devenue prof (c’était il y n’a même pas un an, difficile de conclure quoi que ce soit là-dessus).
Ça s’est fait par étape, avec des avancées fulgurantes, des retours en arrière, de longues stagnations. Aussi avec des convictions, confirmées par mes sensations, écornées par les doutes, ravivées par les victoires, questionnées par quelques échecs. Et c’est encore le cas aujourd’hui.
Le yoga ne m’a pas rendu plus ou moins sportive, je me suis toujours considérée sportive. J’ai fait énormément de danse, un peu d’équitation, puis de triathlon et pas mal de fitness. J’aime la compétition dans le sport, j’aime l’idée de se dépasser tout comme de devoir accepter la défaite.
Le yoga ne m’a pas soignée, j’ai différents « problèmes » que je me traine encore et que partage surement avec tant d’entre vous : mon histoire familiale compliquée, mon rapport au corps torturé et une sérieuse tendance au burnout.
D’ailleurs, est-ce qu’on ne soigne jamais ce genre de problème ? Est-ce qu’on n’essaie pas plutôt de les apprivoiser en apprenant à vivre avec ?
Le yoga, enfin, ne m’a pas ouverte à une forme de spiritualité, je suis toujours agnostique (c’est-à-dire que je considère que je sais que je ne sais pas… vaste programme). Je suis ouverte à différentes croyances tout en restant très cartésienne, fascinée par l’histoire et les philosophies des religions (même si je m’intéresse en ce moment plus à l’hindouisme et au bouddhisme que j’ai moins pu explorer pendant mes études).
Depuis près de 12 ans, ma pratique du yoga, composée tout autant de son histoire, sa philosophie et ses valeurs, des postures, des respirations, de la méditation, m’accompagne simplement pour essayer de vivre au mieux avec ce que j’ai, c’est-à-dire avec moi-même. Ça tombe bien, car je vais passer toute ma vie avec moi-même.
La société nous invite à toujours vouloir être plus ou moins que ce qu’on est (pour moi c’est par exemple plus mince, moins bavarde, plus calme, moins affirmée). Le développement personnel, qui peut sur certains aspects apporter d’excellentes choses, vire aussi à cette tendance et nous fait finalement tomber de nouveau dans la tentative de contrôle, d’optimisation et, in fine, d’amélioration.
Le yoga, tout comme la méditation, invitent à faire tout l’inverse. Cela nous invite à observer, sans jugement, sans analyse, sans commentaire, ce qui est, pour s’y connecter et ressentir. Parfois cela révèle des choses plutôt cool, parfois cela fait remonter des choses désagréables, voire douloureuses. Le yoga ne résout pas les problèmes, mais personnellement il me permet d’en prendre conscience tout en continuant de tâtonner pour comprendre comment vivre avec.
Finalement, c’est juste ça que le yoga m’a apporté : la conscience, parfois tenace, parfois fugace.
La conscience que je n’ai pas besoin d’être quelqu’un d’autre, que je n’ai pas besoin d’être plus ou moins que ce qui est pour vivre, pour avoir ensuite au moins l’opportunité de choisir une position dans mon rapport à moi-même, aux autres et au monde. Ce n’est pas permanent, à l’image de la pratique, ce n’est rien de bien révolutionnaire finalement et pourtant, selon moi, ça change tout !
C’est juste pour cela que je l’enseigne, pour travailler sur la conscience de ce qui est. Cela dépend de chaque élève et surtout s’iel y parvient, iel en fait ce que bon lui semble. Iel peut décider d’aller au-delà ou de tenir compte ce que nous impose la société ou de ses propres contraintes. Je transmets le yoga comme outil d’union de ce que l’on a besoin d’unir ou de réunir, à un instant précis. Rien de plus, rien de moins.
Alors, évidemment, ça a aussi pleins d’autres bienfaits, qui peuvent varier pour chacun.e. La pratique du yoga m’a aussi apporté de la force, de la confiance, une plus grande capacité d’acceptation de mon corps et de mes émotions, ainsi qu’une aptitude à la concentration et l’attention pour un rapport plus apaisé à moi, aux autres et au monde. Mais ça, c’est du bonus !